La voyeuse interdite - Nina Bouraoui

Publié le par Melle S.

Fikria, jeune adolescente, née dans une famille algéroise, où les règles de vie, imposées par le père misogyne , sont dictées par la tradition sociale et religieuse, végète dans cet antre où règnent haine et terreur.

Emprisonnée dans cette pseudo-existance, gouvernée par l’ennui, la souffrance et le néant, elle résiste et attend.
Postée derrière la fenêtre de sa chambre, elle en devient cette « voyeuse  interdite » regardant ces hommes dans la rue imposés leur pouvoir de « mâle ».

Extrait : (...) les hordes d'hommes agglutinés sous les platanes de la ville sale, j'ai vite compris que je devais me retirer de ce pays masculin, ce vaste asile psychiatrique. (...) ils se touchaient, s'étreignaient, (...) soulevaient les voiles des vieillardes, urinaient dans l'autobus (...) je baissais les yeux devant les jeunes garçons qui descendaient leurs braguettes en nous voyant; ma mère muette, laissait courir sur son corps cinq doigts étrangers. On ne pouvait rien dire, les femmes qui sortaient dans la rue étaient des pouffiasses.
  
Prise au piège entre le cauchemar familial et la violence extérieure, Fikria subit son existence et sa condition de femme sans pouvoir lui échapper.
Une vie sans intérêt; un avenir sans issue. 
 
Premier roman de Nina Bouraoui, la « voyeuse interdite » reçut le prix Inter en 1991.
Ce livre est effroyable ! Les descriptions, si épouvantables, si détaillées, vous glacent le sang !   

Extraits :
  • - (...) Leyla est ma seconde soeur. Horrifiée par l'arrivée d'une seconde fille, ma mère voulut la jeter par la fenêtre (...). Finalement, la raison humaine l'emporta faisant de Leyla une miraculée du trottoir. On la laissa se débattre avec la vie, seule, allongée sur le canapé en espérant qu'elle ne s'en sortirait pas.
  • - Les funérailles étaient brèves. Ma mère entourait le rejeton de papier journal et rabattait le couvercle de la poubelle sur la petite tête béante aux yeux mi-clos, quand l'enfant n'etait qu'un oeuf craquelé par un auriculaire impatient, elle se contentait de l'immerger dans la cuvette des w.c.
  • - Il me tendit la cigarette, et, au passage, l'écrasa sur mon sourire. Il dessina au fer rouge quatre petites boursouflures puis, une main collée derrière ma nuque, il pressa plus fort afin d'écraser la cigarette contre l'émail de mes dents.

Publié dans Littérature

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